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WOMEN IN LIFE Magazine, femmes définitivement.
29 juin 2012

REAL LIFE / Femme Glamour : Galliane, effeuilleuse burlesque.

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Dans le boudoir d’une effeuilleuse burlesque, à l’ombre des murmures.

 

«OK …rue de la terrasse, « Au boudoir Froufrou » chez Kristine, dans le quartier historique de Clermont Ferrand. J’adore cet endroit, il me ressemble».

Au bout du fil, Galliane Murmures, de son vrai prénom Monessa, 32 ans, maman de deux petites filles de cinq et huit ans : la seule « prof » d’effeuillage burlesque de Clermont Ferrand (63).

Le rendez-vous est pris, j’ai hâte de découvrir cet univers fascinant qui soit disant offre à toutes les femmes de notre planète, la possibilité de montrer son corps dans la retenue, sans tabou. D’après mon premier contact avec Galliane, l’effeuillage serait une mise en scène rétro des femmes de tous horizons, de toutes cultures, de tous âges ; un univers où les imperfections, les formes et les critères de beauté ne sont pas jugés mais admirés. Cette vision me laisse interrogative : ce monde qu’elle décrit n’existe pas. Comment peut-on s’affirmer en tant que femme ordinaire et exposer ses propres complexes aux yeux d’une société toujours plus exigeante en matière de critères de perfection et surtout se mettre à nu sans tricher ?

Plus je roule en direction de mon rendez-vous, plus je me dis que je ne suis pas au bout de mes surprises, surtout lorsque l’on sait que l’effeuilleuse burlesque, que je vais rencontrer, est à la base une maman comblée, organisée, heureuse et surtout diplômée dans la communication, formée Community Manager (animatrice de réseaux web) ; alors que Galliane, son alter-ego, a choisi la voie du spectacle et du partage à travers sa passion : le burlesque. Deux jeunes femmes en une, que Monessa gère depuis seulement deux ans, dans une logique imparable qui est la sienne : aller jusqu’au bout de ses passions.

Me voilà enfin arrivée à notre lieu de rencontre, un "boudoir" en effet atypique. Je regarde Galliane qui est en tenue rétro style cabaret, faire face à mon  photographe qui la mitraille ; elle me sourit.

Presque nue, livrée aux passants qui l’observent, à travers la vitrine qui donne sur une rue passante, elle leur fait des petits signes de la main, très à l’aise. Kristine, "la tenancière" du Boudoir Froufrou, où mon effeuilleuse aime venir, m’accueille en tenue pin-up sixtie’s. A cet instant précis, je suis projetée dans une autre dimension. Chaque visuel, savamment travaillé, fragmente l’histoire féminine d’une autre époque, d’un autre âge, mais toujours avec un seul objectif, sublimer la femme dans son ordinaire.

La séance photo terminée, "Galliane Murmures" redevient alors Monessa, celle qui est née en banlieue Parisienne, partie à l’âge de quatre ans pour venir vivre en Auvergne : Vichy, Cusset, jusqu’à ses 20 ans, et puis Clermont Ferrand. C’est un petit bout de femme qui a décidé de vivre sa passion, il y a peu de temps. Partager l’art de l’effeuillage burlesque avec le plus grand nombre, est une façon de combattre les préjugés, à travers la beauté et l’humour. L’objectif reste d’aimer son corps comme il est et d’essayer de décomplexer toutes ces femmes qui doutent de leur beauté et de leur charme, à travers, un spectacle d’effeuillage dans l’humour, les costumes et la sensualité.

Au final, le personnage qu’elle a créé avec Galliane lui offre une autre vie, un autre regard et surtout la force d’être une femme à part entière sans tabous, sans barrières.

Nous décidons d’aller grignoter un morceau dans une brasserie tout près du boudoir. Galliane est en manteau beige léger mais a gardé son maquillage « cabaret ». Les hommes se retournent sur elle, elle leur sourit par courtoisie. De la rue de la terrasse à la terrasse de la brasserie, il n’y a qu’un pas. Le soleil s’est invité à notre table, Galliane détendue se prête volontiers au jeu de mes questions, l’effeuilleuse allait être à son tour effeuillée.

 « La transformation s’est effectuée progressivement ces deux dernières années… »

images coquelicotINTERVIEW / L'effeuilleuse effeuillée

Une passion ne nait pas comme cela, surtout dans ce genre d’activité atypique. Comment es-tu devenue Galliane Murmures, l’effeuilleuse burlesque, puis, professeur d’effeuillage dans une région comme la nôtre en général peu propice à ce genre de carrière ?

Quand j’étais enfant, j’étais fan de Marylin Monroe. J’avais un cahier et je collais des tas d’images d’elle ; je l’admirai. Je n’étais pas très bien dans ma peau d’enfant et complexée, surtout vers douze ans, comme toutes les petites filles d’ailleurs. J’ai toujours souffert durant mon enfance de ma taille, de mes formes, surtout au collège. Marylin était pour moi l’incarnation parfaite de la féminité. Elle avait des rondeurs, elle était pulpeuse et tellement belle. L’iconographie pin-up me correspondait, c’était ma vision de la femme et ça l’est encore. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai suivi ou copié ces icones des années cinquante que j’aimais tant, je suis restée longtemps ordinaire. Je me suis pliée aux « codes » de la société pour ne pas me sentir rejetée ; je suis assez petite de taille comme tu vois, mon corps n’est pas parfait, mais je suis femme avant tout et fière de l’être, c’est tellement beau une femme.

Finalement, je me suis découverte très tard vers vingt-quatre ans grâce à Dita Von Teese une icône fétichiste Américaine. Le déclic s’est vraiment produit lorsque j’ai découvert le film « Tournée » de Mathieu Amalric  en 2010 : une révélation. J’avais envie de vivre la même chose, d’être moi, enfin…

Le burlesque m’a fait comprendre que ma force était dans ce que je croyais être mes faiblesses et qu’il ne fallait pas se limiter à rêver d’un fantasme, mais plutôt le vivre. Je suis donc partie à plusieurs reprises sur Paris prendre des cours avec des effeuilleuses reconnues et professionnelles ; et à mon retour dans la région, j’ai décidé de donner des cours de burlesque, de partager cette passion avec d’autres femmes comme moi. En Auvergne, j’étais la seule, mais j’ai quand même tenté l’aventure : il faut toujours un premier. Et c’est un pur bonheur, mes élèves sont superbes, glamour, toutes différentes et tellement vives, remplies d’humour. A travers le costume, la gestuelle et l’effeuillage, la femme est transformée, sublimée : l’effeuillage burlesque est une vraie thérapie pour celles qui osent se débarrasser d’une norme physique « obligatoire », qui en fait, n’est pas la leur.

images coquelicotBulle de bonheur « Streap- tease or not streap tease ? »

De passer du statut de maman à artiste effeuilleuse burlesque, est-ce si évident ?

De toute façon, quoi que l’on fasse, le jugement de l’autre fait partie de notre société, c’est pourquoi, j’ai choisi de vivre chaque instant pleinement, sans frontières morales et  dans une clarté totale envers les miens, ceux que j’aime. Je communique le positif avant tout. Je suis passée du statut de maman à celui de l’artiste effeuilleuse, facilement, car ma famille me soutient. Je pense qu’il est plus difficile en tant que maman de défendre le streap-tease par exemple, souvent lié au sexe et fait pour les hommes. L’effeuillage burlesque reste plus léger, dans l’humour, il n’est pas vu ou vécu de la même façon. Souvent par méconnaissance ou préjugés, certains font l’amalgame et là, effectivement si la pensée majoritaire devait aller dans ce sens, je devrais me battre davantage pour défendre mon statut de maman très certainement ; mais ce n’est pas le cas. Il suffit de voir un spectacle pour en comprendre le sens et la beauté.

Alors comment vivre une passion comme celle-là, plus ou moins controversée,  en étant une femme ordinaire, en couple, avec deux enfants ?

Mes filles sont fières de moi car en Galliane Murmures, je ne suis qu’une artiste en costume qui fait un spectacle rempli de paillettes, de lumière, de musique. Sur scène, il n’y a pas de provocation sexuelle, le nu n’est pas une finalité pour une effeuilleuse. On vient pour retrouver les sensations d’une époque cabaret, glamour, vintage ou sixtie’s. On découvre des femmes simples qui jouent de leurs atouts dans l’humour et glissent sur une sensualité légère : rien de suggestif. Pour mes enfants, à la maison, la nudité n’est pas un tabou, c’est une question d’éducation. Une mère ne doit pas cacher son corps à ses filles et inversement : la nudité n’est pas un crime, elle fait partie de chacun d’entre nous. On peut se dévoiler dans le respect de l’autre à partir du moment où c’est naturel pour chacun, sans vices. Dans mon quotidien, je suis Monessa, la maman, la femme de tous les jours, plutôt réservée et ordinaire : l’anonyme ;  alors que Galliane, le personnage burlesque que j’incarne en tant qu’effeuilleuse et qui n’est pas mon vrai moi, occupe tout l’espace. Elle se montre, joue de sa féminité, s’amuse, s’affirme : c’est ma bulle de bonheur, ma liberté de femme. Je ne mélange pas les deux. C’est en apprenant à mieux connaître ce milieu qu’est le « vrai » burlesque que l’on comprend vraiment le sens positif de l’effeuillage : se libérer. C’est une formule décomplexante qui offre du bien être et touche un public mixte assez large, à grande majorité féminine. Les effeuilleuses sont à la base des femmes ordinaires, mariées, maman ; elles sont comme moi. Ces femmes de tous horizons veulent juste s’émanciper, se sentir en vie : c’est un nu assumé, une vraie cure de bonheur pour celles qui acceptent d’être mises en scène. Moi je ne fais que créer les numéros et je mets en exergue leur personnalité, c’est ce que je préfère.

Quels sont tes envies d’aujourd’hui et de demain Galliane ? Tes projets ?

Mon rêve serait d’ouvrir une école d’effeuillage burlesque avec des tas d’ateliers différents pour se créer, s’affirmer, s’aimer ; ici dans ma région comme on en trouve à la capitale. Paris c’est toujours l’évidence, mais il n’y a pas que Paris ! Moi, je crois en ma région, je la vois évoluer de jour en jour, alors pourquoi pas ? Mes ateliers durent une heure trente, parfois deux heures et c’est de la détente pure, des vrais cours de filles : un anti-stress. Pas de complexes, des bons moments, des crises de rire, un bain de Jouvence… Je suis vraiment pour l’épanouissement de la femme. Certaines adorent, d’autres sont juste curieuses, peu importe ; l’essentiel est d’avoir un lieu où chacune de ces femmes peuvent s’exprimer avec leur âme ou leur corps parfois blessés. Donc, mon envie est là : avoir une école, être tous les jours professeur d’effeuillage burlesque, monter des spectacles ; c’est mon challenge de demain. C’est pourquoi, sans relâche, je continuerais de murmurer à toutes les oreilles attentives qui veulent bien m’écouter, que l’effeuillage burlesque est une vraie valeur de tolérance et que de nos jours, se sentir bien dans son corps et dans sa vie, vivre, des émotions positives, c’est devenue une nécessité quelque soit le biais que l’on choisit .

 

 « De l’ombre à la lumière… »Denis Grudet IMG_1773

 Les murmures de Galliane

 

A Clermont Ferrand, en moins de deux ans, Galliane semble s’être fait un nom dans ce milieu qu’elle affectionne tant, en offrant de la tendresse, du temps et de l’énergie à toutes ces femmes « élèves effeuilleuses » qui maintenant se jouent avec bonheur d’une société toujours plus standardisée. Dans les ateliers de Galliane « là où la femme est belle dans toutes ses différences », l’ambiance est conviviale et la femme parfaite ça n’existe pas.

Et si… au lieu d’effeuiller une pâquerette dans notre coin avec le « Je t’aime, un peu, beaucoup… », pour savoir quelle dose d’amour probable l’autre peut nous accorder, on s’effeuillait burlesque pour apprendre à s’aimer déjà soi-même tout simplement ?

Les accessoires basiques d’une effeuilleuse

Les gants, les nippies (pour les plus audacieuses), le boa, le porte-jarretelles, les bas (résilles, cubains…) et surtout, les chaussures à talons.

Et si on opte pour un look plus Glam ?

On vient carrément avec un corset, des faux cils, une coiffure rétro, des fleurs dans les cheveux, un éventail en plumes.

 

 

images coquelicotMieux connaître l'effeuillage burlesque

« S’effeuiller c’est assumer sa féminité, se décomplexer et s’oxygéner »

Nouvelle tendance décomplexante, l’effeuillage burlesque est l’art de se travestir pour mieux se dévêtir, mais attention il faut avoir en soi la frivolité et le désir de s’assumer pleinement aux yeux de tous et ce, quelques soient ses formes ou complexes.

En effet, s’effeuiller, c’est se déshabiller avec une gestuelle très théâtrale, mais aussi s’offrir l’ultra féminité en version Pin-up. Le burlesque, lui, vous pousse à l’extravagance, à l’humour et vous incite à créer un personnage sensuel, déroutant, voir imaginaire.

L’important dans cette mise en scène glamour n’est pas ce que l’on montre, mais ce qui reste caché.

Cette « ode » à la féminité dite « plurielle » peut s’avérer être une véritable thérapie, pas de jugement, pas de norme physique à respecter, bref, une symphonie de taille, de poids et de bonne humeur : un plaisir à l’état pur. Pour certaines femmes, cela va même au-delà, car elle se redécouvre en tant que femme tout simplement à travers des jeux de scènes, des gestes de séduction oubliés et une attitude Glamour qu’elles ne soupçonnaient pas d’avoir en elles.

 « L’effeuillage a traversé les époques, les styles : une indémodable légèreté féminine »

Cet effeuillage théâtral, empreint de sensualité, nous vient des années 1930, époque marquante de la libération des mœurs aux Etats-Unis, juste après le krach boursier et ce fameux jeudi noir du 24 octobre 1929. Alors même que l’Amérique entrait dans la faillite et la pauvreté, que l’humour et le pouvoir d’achat disparaissait au profit de la misère humaine, les femmes issues de milieux modestes, souvent livrées à elles même, seules et abandonnées par leur conjoint, devenaient de plus en plus indépendantes et se libéraient. Leurs rêves, empreints de paillettes et de lumière, allaient vers Paris et ses célèbres cabarets : Moulins Rouge, Les Folies Bergères ou encore Le Chat Noir.

Tout en conservant leur sens de la pudeur, elles décidèrent pour la plupart, d’utiliser elles aussi leur charme pour gagner leur vie, sans jamais vraiment se dévoiler, juste pour offrir du rêve et du bien être à  ces hommes qui traversaient tous une époque difficile. A l’instar des artistes féminins choisis dans les cabarets parisiens, de tout âge, petites ou bien très grandes, elles affichaient des formes ronde ou maigre, sans complexes, tout en s’inventant des univers sur des musiques jazzy, créant ainsi des lieux festifs populaires, plus accessibles pour la classe Américaine moyenne.

 « Célèbres, puis marginalisées »

Après Betty Boop, célèbre et seul personnage féminin de dessins animés créé en 1931, à la robe très courtes et aux formes généreuses, les troupes de cirques avec leurs « Girl’s Show », la Pin Up fera une entrée fracassante dans le monde de l’effeuillage en version rock’ n roll dans les années 1950 et l’Amérique verra naître des effeuilleuses célèbres comme Dixie Evans ou encore Tempest Storm. Vingt ans plus tard à cause de la banalisation du sexe, les revues de nu devenant légales aux Etats-Unis, les effeuilleuses burlesques disparaîtront et seront marginalisées.

 « La renaissance, le new burlesque »

La renaissance (revival) du burlesque se fera progressivement dans les années 1980 et en 1990. Le New Burlesque fera une entrée remarquée avec la troupe Velvet Hammer Burlesque qui relancera l’effeuillage et la mode vintage. Certaines célébrités, notamment Dita Von Teese (la femme de Marylin Manson), en profiteront pour devenir des icônes de la mode new burlesque, et relancer l’effeuillage comme on le connaît aujourd’hui : un mélange de genres, de glamour, de poésie, bref, un symbole d’une indémodable légèreté féminine.

Intérieur boutique effeuilleuse 63ITW & Prises de vues "Au boudoir Froufrou" / Clermont Ferrand (63)

(Photos : Denis GRUDET)

 

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