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WOMEN IN LIFE Magazine, femmes définitivement.
27 juin 2012

GAZOUILLE - Superficielle moi ? Jamais !

trace rouge

Superficielle, moi ? Jamais !

Je sors du bureau, j’ai fini ma journée et je suis remontée comme un pendule. Gisèle, l’assistante de direction de mon patron a osé me dire, à moi, que j’étais superficielle ! Pire que je manquais de profondeur et que je restais à la surface des choses.

Avec mon 95 B, tee-shirt col V Chanel, la profondeur, moi, ça me connait : c’est clair, elle est jalouse. Franchement, ce n’est pas parce qu’on affiche fièrement un petit 85 C emballé dans un chemisier des années 1980 de chez Tati, que l’on peut se la jouer altruiste. Quand au fait de rester à la surface, ben il vaut mieux si on ne veut pas se noyer ! Au lieu de bosser, 12h00 par jour sur ses papiers, elle devrait le faire, sur son intelligence : elle a la logique d’un poisson rouge qui passe sa vie à tourner en rond au fond d’un bocal vide.

Franchement, tout ça parce qu’à la réunion de ce matin, alors que mademoiselle Gisèle, 48 ans, toujours pas casée (pas étonnant…), explorait l’idée de mettre à contribution notre société de BTP au service des O.N.G. du Niger pour renforcer la stratégie de développement et de réduction de la pauvreté (SDRP), en installant des canalisations d’eau dans des zones rurales, j’ai osé rétorquer qu’avec les milliers d’euros qu’on allait dépenser au Niger, on ferait mieux d’acheter des appartements sympas aux familles pauvres et de leur payer une formation pour que les parents aient un travail, et que les enfants aillent à l’école. Et là… Gisèle, n’a pas du tout apprécié. Bien sûr, je lui ai cassé son pseudo-rêve de Mère Thérésa, mais quand même, faut pas abuser, elle devrait faire preuve de plus de créativité plutôt que de copier le voisin.

Pendant une heure, elle était là, à nous faire des moulinets avec ses bras, la larme quasi à l’œil en évoquant la misère du monde, un stylo Mont-Blanc à la main, alors qu’elle n’a jamais pris un avion de sa vie et qu’à part sa ville et la Bretagne, elle ne connaît rien d’autre. Moi, je peux lui en parler de la misère parce que je voyage tout le temps, je les vois les pauvres du haut de mon balcon dans mon hôtel quatre étoiles, vivre dans des assemblages de bouts de ferraille et sautiller dès qu’on leur donne une pièce ; ce n’est pas de l’eau qu’ils demandent. Quant aux vacances, est-ce qu’ils savent ce que c’est !? Dans cette boîte, on a tellement de RTT et de congés que l’on ne sait même plus quoi en faire. Tiens, d’ailleurs, ces gens misérables qui n’ont pas de travail, ils trouveraient ça choquant de bosser aussi peu pour gagner autant ; je suis sûr qu’ils doubleraient leur temps de travail pour gagner 10 fois moins.

Certes, il y a dans le monde près de 800 millions de personnes qui vivent sans accès à l’eau potable, mais ce n’est pas les aider que de les laisser dans leur village poussiéreux, sans vie, sans argent, et surtout sans magasins ! Parce que si ils ont de l’eau, c’est bien, mais pas d’argent pour acheter des graines de culture, elle est ou là, la stratégie de développement ? La réduction de la pauvreté ? Moi, je veux bien, mais bon quand même... Et quand Gisèle d’un ton dédaigneux me dit que « …ce n’est pas le sujet, tu le survoles, réfléchis aux accords commerciaux et à la place que nous pourrions prendre dans ce pays économiquement..», ça me laisse perplexe. Donc penser au profit en étant magnanime quand ça nous arrange et dans un seul sens, c’est ça l’idée ? Mais le bonheur de vivre, ça passe bien par l’argent d’abord pour les gens, non ? Ne serait-ce que pour avoir la fierté de se payer son installation d’eau tout seul comme un grand ! Faut arrêter d’assister tout le monde et de vouloir jouer au messie avec vos grandes bannières industrielles, un coup de pouce d’accord, mais moi, je suis sure qu’ils préféreraient creuser à votre place et gagner votre salaire.

En plus avec 110 euros par mois, ils pourront même se louer une maison avec piscine, du coup, plus de problème d’eau ! 110 euros c’est seulement 4 % d’un salaire de la majorité des salariés de cette société ! Là, franchement Gisèle, tu m’agaces. Tu veux expatrier des pauvres gars de la boîte au Niger pendant deux mois, les séparer de leur famille, dépenser des milliers d’euros dans des tonnes de matériaux, sans compter les frais que tout ça va engendrer ? Il te suffirait juste d’avancer un an de loyer à une dizaine de familles pauvres vivant au milieu de nulle part, pour commencer, de les former et de leur donner un travail.  Si tu veux le tapis rouge Gigi, arrête de dire des âneries et de faire comme tout le monde. Range ton stylo « bobo » et va, les nigériens t’accueilleront les bras ouverts, t’auras poussé le social à son maximum et ta place économique tu vas la gagner ! Hop ! Une petite année au Niger enrubannée dans ton boubou, une coiffe bretonne pour te protéger du soleil, avec tes sandales au milieu du désert, ça nous fera à tous beaucoup de bien. Et vu que toi, tu n’es pas superficielle, tu auras tout le temps de creuser en profondeur…

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